Bon soyez prévenus, ici on va parler de pets, on va ausculter ses fèces et détailler son urine. Odeurs, couleurs, aspect, texture, tout y passe. Ça vous dit ? On y va alors, et vous avez de la chance, je fais partie des gens chez qui la chimio n’a pas entraîné de nausées donc on ne parlera pas de vomi (ou presque). 😎👍
Voyons… Par où commencer ? Le corps est un alambic et rien de tel qu’un changement radical de tes habitudes pour réaliser à quel point c’est indiscutable. C’est un fait qui s’impose quotidiennement sous diverses… formes, on peut le dire ainsi.
Avec la chimio et tous les médocs que tu ingurgites, tes odeurs corporelles changent. Ta sueur est plus présente, plus aigre, moins tienne. Ta bouche, souvent sèche, rend ton haleine suspecte, tu parles et ton nez, tel Fred dans Substance Mort, se demande qui diable vient de s’exprimer dans la pièce. Et ce, même si tu bois des litres de flotte ou de tisane. On en arrive tout naturellement à la deuxième source d’incertitude et d’incrédulité: la miction! Quand tu pisses c’est chargé, trouble, ça tire vers le jaune orangé et tu ne reconnais pas ta bonne odeur de pisse perso, que tu connais bien, à laquelle t’es habitué. Cette miction impossible, est-ce que tu vas finir par l’accepter ? Va-t-elle s’autodétruire dans trente secondes ? Tout d’un coup c’est plus fort, plus âcre, plus animal. Et comme ton nez, déjà rendu schizo par tout ça, mute un peu lui aussi, c’est overchelou, vraiment.
Mais ce n’est rien comparé à la reine de tes productions corporelles: tes selles, crottes, merdes, bouses, étrons, déjections… Oui je m’égare, excusez… j’aime bien tous ces mots qui désignent la même chose mais en déclinent la diversité. De fait, elles s’assombrissent: plus grises, plus vertes, gris vert, ou carrément noires. C’est sec et compact, ça ne fait pas du bien par où ça passe et ça shlingue sa mère. Mais un truc fétide! Pas du tout tes excréments standards de bon aloi. Pas de l’honnête colombin qui s’évacue avec discrétion, bourgeoisement. Non c’est du rétif qui veut rester bien au chaud, et te fait payer son expulsion par un bouquet final assez odieux. Certaines fois, il s’accroche et devient collant. J’ai souvent pensé dans cette période au sketch de Richard Pryor repris ensuite par Eddie Murphy dans Raw. Tellement vrai.
A certains moments plus rien ne sort, mais toi t’as faim pis les docs te l’ont dit: “Surtout faut manger hein, pas de blagues!” Au bout de deux jours de blocage, c’est comme au péage quand les routiers bouchonnent, ça s’accumule et comme on dit à la météo, le temps devient venteux, tu flatules à donf’! Là c’est guerre et pets, Fart Wars ! Pestilentiel reste en-dessous de la vérité. T’as l’impression d’héberger un alien.
A certaines périodes tu n’es plus qu’une outre qui pète, pisse et chie. Autant pour la vie sociale. 😎
P.S. Je n’ai pas mis de photo sur cette page… Ça ne vous dérange pas trop j’espère 😉