Primaire

Le désamour des maths n’étant pas inscrit dans les gènes, il s’installe par étapes, au long de la scolarité. Très tôt pour certains, qui calent dès les petites classes, un peu plus tard pour d’autres (collège ou entrée au lycée). En ce qui me concerne, en 6e/5e, la chose s’est pimentée d’un peu de maths modernes, ce qui, très honnêtement, constitue une sorte de cerise gâtée sur le gâteau (soit G l’ensemble des gâteaux et C l’ensemble des cerises…)… Le truc grâce auquel tu penses que tu comprends, jusqu’au jour où on te tire le tapis sous les pieds: là tu t’aperçois que non, en fait, t’as rien compris, du tout! Merci les gars! Ça c’est moderne!

CE1

Grâce à mes talents de lecteur, acquis en maternelle, et à mes bonnes performances en calcul et connaissance des nombres (prix d’excellence le gars), je saute le cours préparatoire et me retrouve direct en cours élémentaire. En maternelle, j’ai connu deux instits, vieille école, assez dures mais efficaces et, d’une certaine manière, dignes de respect (j’ai bien dit respect, pas affection). Au CE1, je vais découvrir qu’un instit (une instit en l’occurrence), peut être nul(le) et injuste (un peu limité(e) aussi). Pas grave: j’aime bien l’école et ça ne m’empêche pas de terminer régulièrement dans les dix premiers, j’aime bien tout le monde, sauf… mon instit. A l’époque, ça ne me cause que peu de soucis et, côté calcul tout va bien : addition, soustraction, calcul mental, les problèmes ça va aussi.

CE2

Changement à 180°, l’instit, cette année-là, est génial, jeune, classe et tout et tout. Je me paie même le luxe d’être premier de la classe en milieu d’année, tout va très bien ! Sauf que… je patauge un peu en grammaire avec les compléments d’objet. Circonstanciels, je comprends bien, ce sont les circonstances : temps, lieu, manière, ça va. Objet? Je crois comprendre : machin lance la balle, ok il lance un objet, la balle. Le chat mange la souris, là je commence à coincer un peu : une souris c’est un animal, pas un objet ! Je l’ai appris tout petit. Du coup, pourquoi la souris peut être complément d’objet ? J’vois pas bien. Et quand je pose des questions, Superinstit me répond que si, la souris est bien l’objet (sous-entendu de l’action du chat). Comme je l’aime bien, je comprends qu’on ne se comprend pas et je le laisse tranquille sans avoir eu de réponse qui me réoriente correctement. Ce sont les signes annonciateurs de difficultés pour la suite mais bon… ça va encore.

Pas comme la géométrie… Je suis incapable de dessiner un truc propre. Depuis le premier jour où j’ai saisi un crayon, y a toujours un doigt pour dévier le trait qui pourtant avait bien commencé. Donc faut gommer et, bien sûr, le crayon HB est déjà un vieux souvenir… Et vas-y toi pour gommer le trait foireux d’un 2B, tellement gras qu’il laisse des traces même quand tu balaies les débris de gomme pour cleaner ta page que, bien sûr, tu as froissée… En gommant ! Tu uses la moitié de la gomme restante sur ta table pour la débarrasser du graphite qu’elle a accumulé et quand tu reviens sur ton schéma :
a) tu troues la page ou alors…
b) …le porte-plume, dont tu ne te sers même pas, roule dessus lâchant une goutte d’encre au passage, un beau pâté en plein sur la figure.

 

Si j’arrivais ne serait-ce qu’à ça, c’était déjà Byzance.

Et quand tu as enfin fini de dessiner ce put… de fils de put… de schéma à la con, ben tout le monde a rangé son cahier, le tableau vient d’être effacé et toi, t’as loupé toutes les explications. Et même quand ton voisin, un peu inquiet quand même à la vue de ton cahier, te passe le sien, impeccable, pour recopier les phrases accompagnatrices, tu ne vois pas trop de quoi ça parle. En partie parce que t’as loupé les explications de l’instit, en partie parce que ton schéma est tellement dégueu qu’il en devient faux et contribue à embrouiller le propos.

L’année de mon CE2, septembre 67 → juin 68, ma mère était concierge en plein quartier latin. J’y habitais et j’y allais à l’école, enfin quand les gaz lacrymogènes ne saturaient pas l’air ambiant. Je me souviens très bien, au début des événements, d’un matin où nous sommes arrivés, ma mère et moi, devant l’école, rue Victor Cousin, avec les yeux et le nez qui piquaient, coulaient, pour nous entendre dire que l’école était fermée jusqu’à nouvel ordre. Mais c’est une autre histoire… Bien plus marrante d’ailleurs…

CM1/CM2

RAS. L’arithmétique ça va… La géométrie? Ça va non plus ;-). Les problèmes? Je m’en arrange, même si je suis bien content que ma mère n’ait pas les moyens d’avoir de baignoire chez nous, passque ça a l’air bien compliqué à gérer c’t’histoire. Moins qu’un train qui va de A à B mais quand même. Quoique, si les trains devaient aller de A à B sur mon cahier de géométrie…

Un train défonce le mur de la gare Montparnasse
J’ai dû m’gourrer quelque part, mon crayon était pas bien taillé m’sieur!