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Une amorce ?

Je tiens quand même à citer Bernard Dimanche sur MCMaths, seule chaîne YouTube sur laquelle j’ai entendu “quelqu’un du dedans” parler des difficultés rencontrées par “ceux du dehors” en pointant de vrais problèmes et en esquissant des pistes de solutions. Il liste plusieurs facteurs qui contribuent à rendre les maths arides, impopulaires et absconses :

Outil de sélection

Le fait de les utiliser comme outil de sélection oblige mécaniquement à ne pas les mettre à la portée de tout le monde. Ben oui, sinon, il n’y aurait plus de sélection. Exit donc toute manipulation, toute connexion avec le réel, la pratique, le tangible, l’observable et place au concept, à l’abstraction, à une mécanique purement intellectuelle qui, non contente de tourner à vide et en rond (au début du moins), ne convient pas forcément à tout le monde. Tout cela va à rebours de ce qui fait le sens et le fondement de l’éducation dans la république : rendre le savoir accessible au plus grand nombre tout en formant des citoyens capables et responsables.

Autre effet de bord infernal, tous ces jeunes gens “bien formés”, ceux qui ont passé le goulet d’étranglement, vont se diriger vers les carrières les plus rémunératrices ou détentrices de pouvoir, pas vers l’enseignement primaire par exemple. Alors M. Villani peut bien regretter que 30% des profs des écoles n’aiment pas enseigner les maths, que 80% d’entre eux soient issus de filières littéraires, qui de plus sont ou ont longtemps été considérées comme des classes dépotoirs. A savoir qu’on y trouvait aussi bien des gens motivés par la littérature que des refoulés des filières scientifiques et des branleurs qu’on ne savait pas où caser ailleurs. Mais mon cher monsieur Villani, tout ça était écrit d’avance. Je ne sais pas comment cela s’appelle en maths, la reconduction systémique ad libitum d’une situation navrante et, personnellement comme nationalement, handicapante. Vous aussi vous vous trompez sur le constat. Je cite : “Ce n’est pas l’enseignement qui est en cause, mais l’écosystème éducatif.” Il y a bien sûr beaucoup à dire sur cet écosystème dont j’ai fait partie un temps, mais je pense, comme beaucoup d’autres, avoir témoigné des failles de l’enseignement des mathématiques.

Mister V. pointe encore un autre problème:

Quand on y réfléchit bien, la menace la plus fondamentale qui pèse sur la science occidentale n’est ni d’ordre budgétaire ni d’ordre structurel : c’est le manque de motivation des jeunes. Cédric Villani sur Les Echos.fr

Mais Cédric… Vas-y toi, motive-les ! Kestattends? Bon je vais arrêter de taper sur Villani, au moins lui se pose des questions, sauf que… pas les bonnes. Aucune qui remette en cause un enseignement et une vision de sa matière qui lui ont réussi dans les grandes largeurs. Et oui c’est, entre autres, M.Villani que j’évoquais au début de ce texte.

Pas de rapport au concret

Le fait de ne pas les relier à l’expérimentation concrète, de rester dans l’abstraction, c’est une des conséquences du point 1. Le concept de boucle récursive, par exemple, n’a été compréhensible vu de ma fenêtre qu’en observant le fonctionnement de scripts PHP; c’est le seul endroit d’où j’ai pu “comprendre” à quoi ça servait et de quoi ça avait l’air. Le non recours au concret renforce, vu de l’extérieur, le côté hors sol, inutile et fermé des maths, là où, au contraire, on devrait mettre l’accent sur leur côté pratique, ancré dans la réalité, montrer leur utilité dans les domaines les plus divers pour intéresser le maximum d’élèves et avoir les approches les plus diverses possibles.

Equations
Ça me prend déjà la tête rien que du coin de l’oeil. – Photo de Antoine Dautry sur Unsplash

La prétention à la formation de l’esprit

Ben euh… en ce qui me concerne y a plutôt déformation ;-). En effet que dire d’une matière qui provoque Servokifon ou autre réflexe conditionné dès qu’elle est ne serait-ce qu’évoquée. Je considère que la façon dont on m’a présenté les maths m’a abîmé l’esprit, l’a négativement conditionné. Merci à tous ces apprentis Pavlov!

Mais si l’on excepte mon cas personnel, il me semble qu’il s’agit bien plutôt d’un formatage des esprits que d’une formation.
Apprenez → Appliquez →Ne vous posez pas trop de questions, vous comprendrez plus tard.
Sous-entendu: vous comprendrez si vous avez commencé par apprendre et appliquer bêtement, sinon… Donc il y a bien un formatage, un modelage de l’esprit. Comme avec un disque dur, on prépare le support avant d’installer complètement le système afin de pouvoir dans un deuxième temps (enseignement supérieur) l’utiliser et le perfectionner.

Le problème c’est qu’on en a fait LE point de passage obligé pour tous ceux qui visent l’excellence ou qui veulent accéder à l’élite de la nation. On se retrouve donc avec une élite nourrie à la même source, modelée à l’identique et, pour la grande majorité, incapable de penser différemment du voisin, sauf à la marge.

Vocables aléatoires

L’utilisation de plusieurs vocables différents pour désigner une seule et même chose. Vous avez dit clarté? Rigueur? Paradoxal non? C’est un point que je n’aurais pu identifier seul vu mon niveau crasse, mais qui ne m’étonne pas vraiment. Galimatias quand tu nous tiens…

Prenez le temps de l’écouter, c’est instructif qu’on soit dedans ou dehors.