Décalages

Ça va beaucoup mieux…

…et comme ça va mieux, les gens, enfin “certains gens”, pensent que je vais reprendre, comme avant, là où je m’étais arrêté. Sauf que… Non!

Quelles qu’aient été les apparences, je n’étais pas du tout arrêté, pas du tout. Juste focalisé. Sur l’urgence. Ne pas crever ! Mais le cerveau, cet animal, fonctionne sans discontinuer, il observe, réfléchit, tire des enseignements durant ces temps d’intense mobilisation. Sa réflexion est, de plus, alimentée par la situation qui te donne un certain recul, induit par ta mise en retrait. Recul instructif, qui te permet d’observer tes actes, ta situation, ton parcours, ton quotidien, avec un nouveau point de vue. Tu relativises, tu décortiques, tu analyses beaucoup plus sereinement et même assez froidement, sans affect parasite. Certaines évidences te sautent aux yeux, certains de tes efforts passés te semblent vains, futiles, inutiles, voire néfastes. D’autres peuvent manquer de constance, d’engagement ou ne visent pas juste. Une bonne occasion de s’observer avec plus d’acuité.

Physiquement aussi, il se passe énormément de choses, je l’ai déjà longuement raconté. Mais voilà, tu as toi-même tendance à penser que, quand ça ira mieux, tu retrouveras la plénitude de tes moyens, comme avant. Sauf que, là encore, la réponse est… Non!

L’ayant pressenti assez vite, j’en ai parlé avec plusieurs potes qui ont vécu ce combat (bien plus durement et plus longuement que moi), cette période où, tel Sisyphe, tu essaies de remonter ton rocher en haut de la montagne, où tu tentes de remonter la pente comme on dit. Heureusement, ton rocher à toi ne redescend que de quelques mètres à chaque fois et tu peux réenclencher la montée. Mais c’est très, très, très lent et tu réalises que tu ne récupéreras probablement jamais totalement ton souffle, ton endurance, ta force musculaire, ton énergie, ta capacité à gérer dix trucs de front.

Ce dernier point n’est probablement pas une mauvaise chose, car ton cerveau a aussi pointé les secteurs dans lesquels tu t’échinais seul à faire avancer, évoluer, une idée, un projet, une situation. J’ai compris qu’il fallait que je gère tout ça, que j’élimine le superflu, que j’arrête d’être trop disponible, tout simplement parce que je n’en ai plus les moyens physiques.

Alors attention! Il ne s’agit pas de tout stopper d’un coup, mais plutôt de doser tes efforts, de savoir dire non, d’être capable de temporiser, d’imposer ton tempo et de ne pas subir celui des autres. De toute façon, tu n’as plus le choix. C’est à prendre ou à laisser.

Push !

No limit ?

Un troisième fruit de cette mise en perspective s’énonce comme suit: “Ne surtout rien s’interdire”. L’expression n’est pas de moi mais d’un des potes que j’évoquais précédemment. Entendons-nous bien, tu ne vas ni dévaliser une bijouterie place Vendôme, ni te promener nu comme un ver avenue des Champs-Elysées, il ne s’agit pas de ça. Je ne suis pas non plus devenu par magie “coach de vie”, surtout pas! Je parle ici des limites qu’on se fixe soi-même, celles qui nous empêchent de passer à l’action parce qu’on ne serait pas assez bon, pas assez expérimenté, trop vieux, trop jeune, pas assez intelligent, beau, grand, rapide, riche etc. En gros, faire sauter ce plafond de verre qu’on a soi-même posé au fil des ans et tenter, quoi qu’il arrive. On ne va pas forcément réussir mais, au moins, on n’aura pas de regrets.

J’avais déjà un peu ça en moi, toujours ce côté à l’affût de ce que le courant charrie, mais je m’étais fermé des portes. Celle de l’écriture par exemple. Oui j’ai écrit des centaines, peut-être des milliers de pages, de tests de matériel musical, d’interviews, de méthodes, manuels, tutoriels divers, mais écrire sur mes idées, sur moi-même, étaler mes réflexions me semblait un exercice tellement “melonesque”, déplacé, arrogant, que je ne l’avais jamais tenté auparavant. Ben ça, c’est fait! Et ça risque de continuer sur d’autres sujets. Je réfléchis à d’autres petits défis que j’ai envie de relever tant que j’y suis.

Cela n’empêche pas certains secteurs d’être objectivement inatteignables: comprendre quelque chose aux mathématiques par exemple (ça risque d’être mon prochain texte, il est quasi prêt. EDIT: Il est prêt) parce que mon cerveau fait un rejet-réflexe depuis 50 ans. Là, il n’y a objectivement aucune chance de réussite. Quand ton cerveau se court-circuite systématiquement sur un sujet… tu ne peux même pas l’aborder. Surtout qu’en la matière j’ai déjà tenté de reprendre le fil plusieurs fois donc, pas de regrets. Enfin si, mais tant pis.

Pareil pour le sport. J’y ai bien réfléchi. Déjà la barrière physique est là maintenant, mais il m’a toujours manqué un ingrédient central je pense: l’esprit de compétition ou l’envie de dépasser lesdites limites. Gagner, perdre, je n’en ai strictement rien à foutre ! Je ne vois pas l’intérêt d’être le meilleur, d’être premier, tout ça n’a qu’un temps et moi je n’en ai pas autant que je le pensais. Donc on va pas gaspiller, hein?

Mes proches, mes potes me disent:
— Tu peux aller marcher en forêt, il n’y a pas de compétition.
— Aller se promener en forêt sans autre but que de marcher? Sérieusement? C’est chiant comme activité, non?
— Fais du vélo alors.
— Pareil: faire du vélo pour faire du vélo? Ennui total…

S’ajoutent l’hyper représentation du sport dans la société, la mise au pinacle de ses “valeurs”, de son “exemplarité” supposée et douteuse, pour achever de me le rendre encore plus antipathique. Et puis là aussi j’ai déjà tenté 4 ou 5 fois (boxe française, course de fond, goal au foot, canoë/kayak, marche, vélo) ça c’est toujours mal terminé (côtes fêlées, entorses). pas de regrets non plus.

1 km à pieeeed…

J’ai beaucoup marché, enfant. Avec ma mère, avec mon frère, avec mes potes, avec les Eclaireurs et Eclaireuses de France, tout seul. Mais il y avait toujours une destination, un véritable but, se rendre quelque part, chez des amis, rentrer chez soi, trouver un abri etc. Et déjà à l’époque, ça me saoûlait une fois sur deux. Si bien que je m’étais promis d’avoir une voiture dès que je pourrais, parce que j’y voyais la liberté de me déplacer d’où à où je voulais, à l’heure que je voulais en transportant ce que je voulais. Je rappelle qu’à l’époque tu ne prenais pas le bus avec un ampli, le mec refusait que tu montes. Tout ça pour dire que marcher n’a jamais été un plaisir pour moi mais une obligation.

Encore un paradoxe

Bref, en dehors des maths, du sport, et peut-être d’un ou deux autres secteurs, je me sens mentalement prêt à essayer des choses que je n’ai jamais tentées, en général parce que je m’en faisais une idée fausse ou démesurée. C’est assez paradoxal finalement, on prend acte des limites physiques entraînées par la maladie, on les intègre à sa réflexion et, dans le même temps, on se libère de ses “auto limitations” mentales, certaines du moins. On verra bien où cela nous mène.

P.S. Voilà j’écrivais ces lignes samedi dernier (7 octobre 2023) et dimanche, je me suis tapé une journée avec méga mal à la tête, rage de dents et grosse fatigue. Levé à 11h00 je me suis recouché vers 13h30 dans le même état de fatigue que si j’avais pas arrêté de toute la journée. Le lendemain, le gros du truc était passé mais autant pour le “ça va mieux”.

P.S.2 Le lundi 9, en fin de journée, j’ai déposé ma caisse au garage. Je suis rentré sur mon vélo que j’avais mis dans le coffre. Je me suis gourré d’embranchement et j’ai roulé au moins 5 km à donf pour rentrer avant la nuit vu que j’avais pas d’éclairage. Autant pour “le gars qui veut pas faire de sport”.

Un paradoxe sur un décalage ça a un nom ?… Non?

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