J’aime pas les fêtes de fin d’année
Suite à cette mésaventure, les choses allèrent mieux, au point de reprendre quelques déplacements (avec canne quand même) dont un à Périgueux avec des voyages en train interminables, genre Paris Bordeaux en 2h30 suivi d’un Bordeaux Périgueux en 2h45 sur fond de premières grèves contre la réforme des retraites. J’apprends dans le TGV aller que mon train de retour est annulé, je passe donc une heure à Bordeaux, au guichet, pour changer mon billet… Bref, Paris-Périgueux : plus de six heures…
On a aussi donné un concert mi-décembre, back to normalitude.
Noirmout’
Après quoi, on est parti passer Noël à Noirmoutier avec les filles de Marie, Mathilde et Anna. Je ne suis en général pas fan des fêtes de fin d’année parce que je suis souvent patraque à cette période, que les repas sans fin c’est pas mon truc, les cérémonies de remises de cadeaux qui s’éternisent non plus, les réjouissances à date fixe encore moins, et que je bouge tellement le reste de l’année que j’aime rester tranquille chez moi le reste du temps. En résumé, Noël quand il y a des enfants, très bien, quand il n’y a que des adultes, je suis plutôt pour un truc minimaliste… Les filles de Marie et leurs compagnons ayant tout organisé, loué une maison etc., j’aurais eu mauvaise grâce à ne pas accepter d’y aller, malgré le fait que je ne le sentais pas du tout. Et ça n’a pas loupé: le lendemain de notre arrivée sur l’île, je commençais à renifler, avoir des moments de grosse fatigue et j’ai passé l’après-midi au lit à dormir/tousser. Deuxième jour, pareil, troisième jour, pire de chez pire etc. En gros, le soir du réveillon, j’ai mangé de la soupe et de la salade et je suis remonté me coucher. Bref, j’ai passé 4/5 jours au lit avec un record de 20 heures de sommeil d’affilée et environ 2 kg de mouchoirs usagés. Super!
Au bout de ces quelques jours, la forme est revenue, suffisamment pour pouvoir rentrer et… dormir!
La voiture aussi
Cerise sur le gâteau, une des rotules de direction de la voiture pète dans les derniers jours de l’année, on remplace les deux, mais un tripode, une pièce entre le cardan et la boîte, a été abîmé et comble de malchance, il n’est plus fabriqué par Mercedes. La voiture a 33 ans, cette version n’a pas été produite en masse et il semble que Mercedes se soit ingénié à changer cette pièce tous les 3 mois avec à chaque version des spécifications différentes. Conséquence, aujourd’hui encore, je suis à la recherche de cette pièce car je ne peux me servir de la caisse qu’à 50 km/h maximum. Malade elle aussi quoi.
Voyages, voyages
Janvier 2023, déplacement à Caen, plutôt cool, pendant 3 jours, en début de mois, l’occasion de parcourir un peu cette ville bizarre, qui, complètement détruite pendant la guerre, a choisi de se reconstruire à l’identique, sans même profiter de l’occasion pour tenter d’améliorer quoi que ce soit. C’est joli mais un peu étrange tout de même.
Quinze jours plus tard, je pars à Lyon, ville où, sans raison particulière, je n’ai jamais vraiment réussi à me sentir bien. J’atterris dans un Air Bn’B à côté du tunnel de Fourvières, pas non plus l’endroit le plus passionnant de la ville. Ça m’oblige à marcher pas mal, les bus et les métros (surtout) n’étant pas à côté ou n’allant pas vraiment là où j’aurais besoin qu’ils aillent. J’ai toujours une canne et des grèves de trains sont annoncées ce qui m’oblige, au départ, à avancer mon billet retour d’une journée. Mais ce n’est pas fini: le dernier jour, un jeudi, alors que j’ai un train vers 17h00 et que la gréve ne doit débuter que le lendemain, je reçois une alerte comme quoi mon train est annulé. Je pars donc une heure plus tôt que prévu, direction Perrache, et là je vais vivre un moment hors compétition, quasi psychédélique.
Mais avant cela, la veille, j’avais rendu visite à un luthier que je n’avais pas vu depuis longtemps et qui, hasard de la vie, avait ouvert un atelier dans le prolongement de la rue où je séjournais. On passe un agréable moment à évoquer le passé et s’informer de nos présents respectifs.
Je le quitte après qu’il m’ait indiqué une bonne pizzeria. Là je ressens pour la première fois un état de fatigue que je vais retrouver plusieurs fois dans les mois qui suivent, s’accentuant, un état semi-automatique dans lequel ton corps marche de manière robotique et lente. Robotique, car il n’a pas besoin de toi pour savoir qu’il doit mettre un pied devant l’autre, prendre à gauche ou à droite etc. Mais lente parce qu’il est trop fatigué pour être en full auto. Il a besoin d’être surveillé, monitoré, et c’est ce que tu fais. Tu te retrouves un peu comme le petit extraterrestre de je ne sais plus quel nanard hollywoodien, logé dans le crâne d’une créature 10 fois plus grosse que lui, sauf que ton poste de pilotage est nul, t’as pas de manettes, aucune action directe, juste un micro pour hurler des conseils. Prends garde à droite, descend l’trottoir, ne traverse pas tout de suite etc. Dans ces conditions adieu pizzeria, j’achète une merde surgelée et je rentre. J’ai mis deux plombes à longer la Saône, ou le Rhône (je ne sais jamais auquel j’ai affaire), en avançant comme un p’tit vieux. Rentré au Air BnB, j’ai mangé vite fait et j’ai dormi jusqu’au lendemain matin. Arrive donc cette dernière journée…
Retour abracadabrantesque
Avant tout je précise, que je suis plutôt favorable au fait que les gens se battent pour leur droits et que, par conséquent, je supporte de bonne grâce les désagréments que ça peut me causer. Mais faut quand même pas pousser mémé dans les orties comme on dit… Pour ceux qui ne le savent pas, Lyon compte deux gares: Perrache et La Part-Dieu. Mon train annulé partait de Perrache, donc c’est là que je me rends. Je tombe sur deux “agentes” dont le guichet ne va pas tarder à être complètement assiégé. Mon interlocutrice a l’air d’apprendre les annulations, elle téléphone, me demande d’attendre et disparaît. Au bout de 10 mn je la vois dans un coin de cour extérieure, discuter avec quatre ou cinq agents SNCF pas vraiment en tenue, sorte de piquet de grève en avance puisque la grève ne commence qu’à minuit, soit dans 6 ou 7 heures. Elle revient, m’explique qu’un TER passe dans 5 mn qui s’arrêtera également à La Part-Dieu et me tend une feuille A4 froissée sur laquelle on a rédigé, à la main, une espèce de “bon pour” prendre n’importe quel TGV pour Paris depuis La Part-Dieu.
Arrivé à La Part-Dieu, je constate qu’un seul train pour Paris est annoncé, à 16h34, remplaçant les trois autres, annulés. J’attends dans le hall de la gare en compagnie de nombreux voyageurs, les yeux rivés sur les écrans. Un agent, vaguement goguenard, annonce au micro que le train Lyon Marseille est annulé. Les gens qui attendent ce train, râlent un peu et commencent à se disperser, certains quittant la gare. Deux minutes plus tard, une autre voix annonce que non, finalement le train est maintenu mais qu’un bagage abandonné retarde le départ d’on ne sait combien de temps. Suivent d’étranges échanges où l’on comprend que des agents dans la salle de contrôle essaient de comprendre le fonctionnement du système d’annonces de la gare. Ça donne des trucs amplifiés dans toute la gare comme: “Là ça marche?…”, “Si j’appuie là, on m’entend?”, “Les autres arrivent quand?” et même une nana qui essaie de faire une annonce et se fait couper la chique en plein milieu. Durant cet épisode, nous, les “Lyon-Paris”, nous attendons de connaître la voie de départ. On nous l’affiche à 16h30 soit 4 mn avant le départ. On sait déjà qu’on partira en retard. Tout le monde se rend sur le quai pour apprendre qu’il est interdit de monter dans le train car… colis suspect, once again! Ce, dans un train qu’ils ont constitué en gare avec des bouts de rames qui sortent des ateliers de maintenance… Mouais, admettons…
On reste là, parqués sur le quai, puis un des agents, un peu trop excité pour être honnête, s’avise que, dans ces cas-là,” FAUT PAS RESTER SUR LE QUAI !!!”. Dans une ambiance d’improvisation brouillonne, on fait redescendre tout le monde dans le hall où l’on attend… A 17h00 (alors que le départ était prévu à 16h34 je le rappelle) on te laisse monter dans les wagons et là, faut jouer des coudes parce qu’il y a trop de voyageurs pour le nombre de places disponibles. Par chance, je tombe sur la dernière place libre du wagon dans lequel je suis monté et je voyage assis tandis que d’autres squattent le sol du wagon restaurant ou s’assoient sur les grilles entre deux bagages. Coquet non ?
Encore une fois, je comprends les gens qui font grève, car je ne considère pas qu’ils défendent des “privilèges” mais plutôt qu’ils bénéficient de conditions dont tous devraient bénéficier. Je pense aussi que ceux qui défendent et conservent leurs privilèges se trouvent plutôt dans les arrondissements dorés parisiens et les grosses demeures de province. Mais là, on a eu affaire à une bande de crétins, ça arrive…
Low battery
Avec le recul, je me rends compte que j’ai vécu un automne 2022 avec les batteries à 10% et encore. Je réalise aussi, les médecins ne m’ayant, par la suite, donné qu’une estimation (ça a commencé il y a quelques mois), que M. Cancer est probablement entré en action pendant le mois d’août, l’automne 2022 ayant constitué pour moi une espèce de période flottante, de celles où rien n’avance vraiment, où tout est flou ou en suspens. Alors quand fatigue, cancer et SNCF s’en mêlent… 😉