Après une fin d’aprèm champêtre, je rentre un quart d’heure avant les résultats. Je me doute que ça ne sera pas très bon mais le désastre va dépasser toutes mes attentes.
Alors comme ça, les français ont voté à plus de 32% pour le F… euh RN. Sans oublier les 5% de Mme Nièce. Tout cela aux élections européennes qui, encore une fois, n’auront servi que d’exutoire national, de référendum contre l’Elysée. Dès les premiers mots de Jordy, on voit, si on l’avait oublié, que l’Europe n’est en aucun cas la motivation de ce vote. Le gars, se pointe, se félicite de sa victoire. Jusque-là, rien d’étonnant, même les 32% étaient annoncés. Mais d’un coup, le v’là qui demande carrément la dissolution de l’Assemblée Nationale… “Pfff… Nawak!” me dis-je. Un peu après, on se tape le discours de Manon Aubry, complètement à l’ouest aussi, dans un autre style: “Je te parle jeunesse de France, je te comprends et blablabla”.
Que devrait-on faire dans cette élection? On devrait voter pour les personnes dont on pense qu’elles vont orienter l’Europe dans la bonne direction. Or, on le sait, les députés européens du RN ne font pas grand-chose, voire rien du tout. Bref, le minimum, juste pour garder leur indemnité de 7 700 euros. Bien sûr, si vous êtes anti-européen c’est l’idéal: plus il y aura de députés qui ne font rien et qui, de plus, soutirent du blé à l’institution européenne, plus l’immobilisme européen sera patent, selon eux. Mais pour ceux qui ont voté RN ou Reconquête en pensant peser sur les décisions du parlement, de l’Europe, mauvais choix…
…pour de mauvaises raisons
Le parlement européen n’est pas élu à la majorité des deux tours, mais à la proportionnelle: vous votez pour une liste et, en simplifiant, suivant son score vous avez plus ou moins de gens élus parmi ceux du début de la liste. Il faut aussi savoir que nous envoyons 81 députés français sur un total de 720 soit un pourcentage de 11,25%. Donc, même si on envoyait 81 députés de la même couleur politique, ils seraient obligés de s’allier avec d’autres partis européens pour peser. Et c’est ce qui se passe. Les partis peuvent constituer des groupes à condition qu’ils comptent au moins 25 députés, représentants d’au moins un quart des pays membres, soit 25 députés originaires de 5 à 6 pays. Il existe à présent 9 groupes, le plus gros est le PPE (chrétiens démocrates, libéraux), ensuite vient le S&D, (socialiste bon teint), puis Renew Europe, le groupe de Renaissance et d’Horizons. A eux trois, ils ont la majorité et comme ils sont tous pro-Europe ils arrivent à s’entendre la plupart du temps.
De son côté, le RN fait partie du groupe Identité et démocratie, 58 membres, qui n’a strictement aucun poids. Les commissions me direz-vous? Ah ben non elles sont composées dans les mêmes proportions que le parlement lui-même. Et, pour la plupart, les députés RN sèchent aussi les commissions. Donc voilà : ces gens ne servent à rien! Ils ne pèseront ni sur l’immigration, ni sur la politique agricole commune, ni sur les réglementations. Mais ils s’en foutent vu que leur but pour le moment est d’accumuler les postes, de se notabiliser afin d’arriver au pouvoir en France, pas d’agir sur l’Europe.
2e partie de soirée
Et le pire c’est que Manu répond :”Chiche, je dissous!”. Mais on rêve ! D’abord, il donne l’impression d’obéir à Bardella, ensuite, il contribue à semer la confusion dans les esprits, réduisant cette élection EUROPEENNE (je le répète parce qu’il semble que beaucoup l’aient oublié) à une espèce de validation/sanction de sa politique. Enfin, le calendrier qu’il propose pour les législatives déroule un véritable tapis rouge au RN. Sous prétexte d’être “disruptif”, le Machiavel du pâté de maison précipite le calendrier: 3 semaines de campagne avec des élections fin juin début juillet. Cela fait le jeu du RN: personne n’aura le temps de se mettre en ordre de marche, recherche de financement, impression des tracts et affiches, programmes, tout sera fait dans le désordre et la précipitation, même pour le camp présidentiel. Partant, personne n’aura le temps d’infléchir la tendance en 3 semaines, ce qui peut donner au RN une majorité absolue en juillet, donc Bardella et l’identité nationale aux affaires, une semaine avant des JO, déjà calamiteux, dont la tenue s’avère désormais ubuesque. On a tenté de nous vendre Jupiter, on a Néron!
Il s’auto-proclame chef de campagne. Ouiche… Il n’a pas intégré le fait que les gens le rejettent et que, par conséquent, plus il interviendra, moins le “sursaut républicain” sur lequel il compte a des chances de se produire. Et même s’il se produit, pour quoi faire? La même chose que depuis 7 ans? Il va nous la faire à la Sarko? “Jai changé.”?
Just a jump to the left !
A gauche, on a une tripotée de mecs au charisme d’huître, alliés à LFI et ses agité(e)s du bocal qui défendent pas mal d’idées gerbantes qu’on aurait plutôt attribuées aux extrémistes d’en face. Le PS s’allie avec un parti qui n’a cessé de conspuer et d’insulter sa tête de liste, Raphaël Glücksman, pendant toute la campagne, juste pour s’entendre sur la répartition des investitures. Et en plus ils se font couillonner même là. Pitoyable… Ils nous expliquent qu’il faut un Front Populaire pour “faire barrage”.
Je ne relève même pas l’abîme qui les sépare du vrai Front Populaire. Mais les mecs, sans remonter très loin, vous n’étiez pas aux affaires de 2012 à 2017? Qu’est-ce que vous avez branlé? Pourquoi n’avez-vous pas, au moins, essayé d’agir sur les causes de la montée du RN? Les mecs regardent le feu se propager, ne font rien pour l’arrêter et viennent nous solliciter quand c’est peut-être déjà trop tard. Le pire c’est qu’ils feraient sans doute plus de voix (mais moins de sièges) s’ils n’étaient pas unis (25% unis et 32% désunis).
On a donc aussi la gauche la plus bête du monde désormais. Et je repose la question faire barrage et après? Pour quoi faire? Avec qui?
Mardi
A droite, il se confirme que ça ne s’arrange pas non plus. L’emballement actuel et la soif de postes aidant, Ciotti se dévoile, ouvrant la voie à un LR supplétif du RN. Sauf que les barons ou ce qu’il en reste sont loin d’être tous d’accord avec ça. C’est qu’il aimerait bien être ministre de l’intérieur le Eric, et maire de Nice aussi si possible. Il est patron de LR depuis deux ans et il justifie son retournement de veste par le constat d’échec de son parti. Par son propre bilan donc… Navrant non? On verra bien s’il réussit son pari ou s’il disparaît, englouti dans les sables mouvants de la politicaillerie. Pitoyable…
A l’extrême-droite, Mme Nièce tente de le rapprochement avec tantine qui lui répond: “Oui peut-être.” le lundi et “Pas tant que Zemmour est là.” le mardi. De toute façon, Ciotti comme Maréchal cherchent à se placer, conscients que leurs électorats voteront RN si eux ne sont pas là. Donc autant être là, c’est logique finalement. Les sondages vont dans le même sens montrant que le RN ferait 35% aux législatives, pourcentage à partir duquel un parti peut espérer accrocher une majorité absolue.
Et puis Attal vient faire un tour pour “parler aux français” parce qu’il n’en a probablement pas eu l’occasion pendant la campagne. Il déroule la stratégie qui va être adoptée: “Il y a trois blocs, l’extrême-droite, l’extrême-gauche et nous la minorité présidentielle, la seule voie raisonnable.” Ben désolé, moi je suis raisonnable et, raisonnablement, je ne vais pas remettre le couvert pour 3 ans. Surtout quand le chef vient ensuite, le mercredi, expliquer qu’à son avis il faut accélérer la même politique, subie depuis maintenant 7 ans. Same player won’t shoot again.
Bref, où qu’on se tourne on a affaire à des gens dépourvus d’idées neuves, de vision réelle pour le pays, incapables de la moindre élévation, englués dans de la cuisine électorale nauséabonde et, à côté de ça, la violence monte, sur les réseaux, dans la rue…
Pas facile.
Wesh gros!