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Superconnard

Le pire c’est que ça a continué, parce que j’ai eu une fille, ce qui m’a permis de rencontrer le plus super connard des connards quand elle est arrivée en 4e. Jusque-là, pour elle, ça se passait bien les maths, donc je ne m’inquiétais pas… Jusqu’à ce que ses notes baissent. Je prends rendez-vous et je tombe sur l’archétype du prof de maths pourri. Celui qui a une grosse réputation de très bon prof, parce qu’il finit le programme dans l’année, à la « Marche ou Crève », laissant un tiers de sa classe sur le carreau en route. Superconnard, quoi.

Signe de Superman
Photo de Jon Tyson sur Unsplash

Je lui explique que nous avons remarqué, sa mère et moi, que les notes de notre fille baissaient, que nous en avions discuté un peu avec elle mais que nous avions du mal à voir où blessait le bât. Là, le mec ne me répond pas vraiment et botte en touche, m’expliquant qu’il allait falloir que je m’y mette et que je travaille avec elle si je voulais qu’elle raccroche les wagons. Je fais valoir que je n’ai pas vraiment le niveau pour ça. Le mec me regarde comme si j’étais une merde (alors que c’est lui l’étron entendons-nous bien). Je lis dans ses yeux la confirmation du fait que ma fille n’a aucune chance de revenir dans la course puisqu’en quelque sorte, c’est génétique : il y a tare mathématique familiale indubitable. J’en suis la preuve vivante. Comme je suis un bon papa, je ne m’énerve pas pour que ma fille n’ait pas de conséquences à subir par la suite et on se quitte assez froidement avec Superconnard.

Je peux même vous avouer un truc: j’ai essayé ! J’ai pris le bouquin de 4e, après un jeûne mathématique strict de 17 ans, pour tenter d’aider ma fille. Deux jours m’ont suffi à confirmer que je n’étais pas de taille. On nous a alors indiqué un prof qui donnait des cours particuliers par petits groupes. Elle y est allée, a rattrapé son retard et n’a plus eu d’énormes difficultés en maths par la suite. Mais il a fallu qu’on paie pour que quelqu’un fasse le boulot que ce salopard refusait de faire : son boulot ! Et que se serait-il passé si on n’avait pas eu les moyens ?

 

Digression (Gression?)

Là je me permets une petite parenthèse sur un sujet assez proche. Quelques années plus tard, mes belles-filles sont allées au lycée Fénelon, établissement vaguement huppé situé entre St Michel et St Germain, à Paris. Comme cela paraissait plus simple, j’étais celui qui se tapait les réunions de parents d’élèves de rentrée. J’en ai tenu pas mal moi-même et je sais ce qui tient de l’information pratique, du premier contact, de la présentation des programmes et de l’enfumage. La réunion suit son cours, ennuyeuse à souhait, je prends des notes sans grande conviction.
Arrive la prof de physique qui nous parle de son programme, de ce qu’elle attend des élèves et qui, au détour d’une phrase, nous explique qu’elle va faire appel à des activités ludiques pour aborder certaines notions. Comme je sais que ce sont bien souvent des cache-misères, ou des expressions toutes faites qui ne recouvrent rien de concret, je pose la question: “Qu’entendez-vous par : des activités ludiques?”.

Et là, on bascule dans la 5e dimension: au lieu de me citer des exemples d’activités, elle me répond : “Des activités ludiques ce sont des activités amusantes: on apprend par le jeu.” Pendant une demi-seconde, j’ai juste envie de lui hurler dessus, de lui aboyer que je suis instit, connasse, que je n’ai pas attendu de rencontrer une pauvre naze de prof de physique qui se la pète pour connaître le sens du mot « ludique » et que j’aimerais bien qu’elle réponde à ma question au lieu de me prendre pour un crétin juste parce que je n’ai ni loden ni chaussures à glands. Evidemment, je ne le fais pas, car je ne veux pas pénaliser ma belle-fille dès le début de l’année et je laisse glisser. J’espère juste que, d’une manière ou d’une autre, cette abrutie de prof tombera un jour sur ces quelques lignes et mesurera l’épaisseur de connerie, de conformité imbécile à la norme et le nombre d’idées préconçues que charriait sa réponse.

J’ai fréquenté beaucoup de profs dans ma vie et je dois dire que les matières scientifiques étaient les plus fournies en enseignants obtus, perchés sur le piédestal de leur importance, pleins de cette auto-satisfaction aux limites de la bêtise, prompts à dégainer au mieux un apitoiement teinté d’impuissance, au pire un mépris condescendant pour ceux que la chose scientifique n’avait pas éclairés de ses lumières. Si tu lis ces lignes, abrutie, tu sais maintenant ce que je pense de toi. C’est gratuit mais ça fait du bien.