Il y a les cons, les vrais cons, les faux cons, les sales cons, les pauvres cons, les p’tits cons, les grands cons, les gros cons, les con-cons, les trop cons, les super cons, les jeunes cons et les vieux cons.
Certains redoutent de devenir de vieux cons, y a même toute une palanquée de livres vous expliquant comment éviter d’en devenir un. Moi, au contraire, j’ai délibérément choisi d’en être un et je le revendique. Mais quelle liberté ! Quelle tranquillité d’esprit ! D’une part, vous désarmez vos interlocuteurs: s’ils vous traitent de vieux con, vous êtes d’emblée d’accord avec eux. Cela ne vous blesse pas, ne vous pose aucun problème. D’autre part, vous pouvez dire exactement ce que vous pensez, sans crainte. Puisque vous êtes un vieux con: tout passe! C’est cette même technique d’arts martiaux qui vous fait accompagner le mouvement de l’adversaire et vous servir de sa force pour le battre. Si tant est que vous ayez envie de le battre d’ailleurs. Car le corollaire de ce statut de vieux con choisi est un changement de priorités: vous n’avez plus besoin de convaincre, seulement d’exprimer votre pensée de la manière la plus juste possible. Vous n’avez pas nécessairement envie d’avoir le dernier mot, de river son clou à l’interlocuteur. Même si ça vous arrive de temps à autres, ce n’est qu’une conséquence de la conversation, pas son but ni le vôtre.
Aucune pression
Toutes les pressions, ego, qu’en dira-t-on, réputation, peur du retour de bâton, tout cela disparaît dès lors que vous assumez votre statut de vieux con. C’est magique! Vieux Con a le droit de vous interrompre en plein milieu d’une phrase, de vous contredire, il a le droit de trouver que c’était mieux avant, le droit de s’énerver, de hausser le ton, de faire peur aux enfants, de quitter la table sur des phrases définitives, de faire montre de la plus parfaite mauvaise foi.
Mais attention, Vieux Con présente aussi des avantages pour ses interlocuteurs: il reste fidèle à ses convictions, à ses amis, il ne prend personne en traître. Tout est sur la table. Vieux Con est fondamentalement sincère dans ses dégoûts, inimitiés, colères, autant que dans ses coups de cœurs, amitiés, amours. Lorsqu’il aime, il ouvre toutes les portes. Il se fait parfois avoir, comme… un (vieux) con, mais globalement il reste gagnant. Assumer d’être un vieux con c’est aussi prendre ce petit risque.
Ne pas confondre
Bref, « vieux con » ne veut pas simplement dire « imbécile avancé en âge », c’est bien plus que cela. Alors, la prochaine fois que vous serez sur le point de traiter quelqu’un de vieux con, demandez-vous s’il en est vraiment digne.
Wesh Gros !