Retour sur scène

Gros gros kif

Où comment ça se passe après 8 mois de diète live ?

Le challenge a d’abord été de se retrouver et de voir où en serait niveau cohésion, précision, patate et endurance (pour moi au moins). On s’est donc fait trois grosses répétitions à Luna Rossa (studios très agréables du sud parisien) en rejouant la set list prévue pour Saintes à deux reprises durant chaque répétition. Ces trois séances nous (m’) ont confirmé que nous serions à même d’assurer le show du vendredi.

Côté matos, n’ayant pas beaucoup utilisé mes appareils durant les huit derniers mois, je les teste la veille, car oui, un matériel non utilisé pendant un moment peut ne pas fonctionner à la reprise, ça mérite d’être vérifié, d’autant que j’ai eu quelques petites alertes côté sans fil (du moins c’est ce que je croyais), sans vraiment chercher d’où venait le problème, car il restait occasionnel. Donc check de tout ce petit monde le jeudi soir, veille du gig: tout marche super bien, no problemo, yeah!

Le panneau sur la loge de Cour Supreme
On a gagné un accent circonflexe à Saintes.

That’ll be the day!

Lever à 7h00, Ferdinand, notre sonorisateur, est déjà en bas de chez moi depuis 1/2 heure, il monte. Café. Jean-Marc (bassiste chanteur de Cour Supreme) arrive une petite heure après, on charge, on part. Ce vendredi matin il fait déjà plus de 30 degrés et ça va monter toute la journée jusqu’à 35 ou 36 degrés. Le voyage se passe bien, pas trop de monde, on ne se perd pas, on cause tranquille, il fait juste un peu beaucoup chaud et les monospaces ça fait un peu beaucoup aquarium. On arrive à Saintes une heure avant le get in, Gilles (batteur de Cour Supreme) nous rejoint, Yakayaka!

On assiste à la balance de Ko Ko Mo, c’est très pro, très cool mais la scène est en plein cagnard et on fait notre balance vers 15h30, l’heure la plus chaude de la journée. Une fois,le setup de Ko Ko Mo déplacé vers les côtés de la scène, on monte le nôtre avec l’aide des bénévoles et des techniciens, Ferdinand est derrière la console. Côté guitare, je branche tout, je m’accorde. Je plaque un premier accord…

Et là, c’est le drame !

J’obtiens un son malingre qui suffirait à peine à emplir une chambre de bonne… Dur, dur! On est en plein soleil, on coule littéralement, comme des glaces en train de fondre. Mon T-shirt devient une serpillère en moins de deux, ma casquette, une éponge, le matos est bouillant. J’essaie différentes manips qui me permettent malgré la chaleur intense, la pression du temps qui s’égrène et l’énervement intérieur qui en découle de cerner grossièrement le problème, mais c’est trop lent. Il fait décidément trop chaud pour réfléchir efficacement.

A cinq minutes de la fin de la balance, je me branche en direct dans l’ampli, bypassant le groupe de pédales d’effet que je soupçonne de haute trahison et l’on arrive à faire un vague line-check durant lequel je joue comme une patate, l’esprit préoccupé, avec un son qui n’est pas celui que je produis d’habitude. Autant dire que si j’avais fait partie de l’organisation je me serais posé des questions…

Guilty pedals
Les suspects. Mais si ça se trouve ce sont les câbles.

Mes tests m’ont cependant permis de déterminer que le problème se situe autour de quatre pédales d’effet. Comme il est hors de question qu’une panne pourrisse ce retour sur scène qu’on a tous les trois attendu depuis huit mois, je décide de rester dans les loges, d’y remonter et rebrancher tout le set guitare jusqu’à ce que ça marche, laissant les autres aller à l’hôtel, prendre une douche. Après une petite demi-heure les soupçons se resserrent autour de deux pédales. Comme ce sont celles que j’utilise le moins et que je n’ai pas envie de perdre plus de temps, je les vire de la chaîne, je recâble et je retrouve mon son, puissant, chromé, rassurant.

OUF !!

Stéphane (notre chauffeur attitré) vient me chercher, Gilles qui était resté sur place, rentre aussi à l’hôtel. Jean-Marc et Ferdinand sont encore là, on se douche vite fait et on va manger sur une péniche, moment agréable, la sérénité revient, c’est bien. A la fin du repas, il nous reste 45 mn avant le show.

Il me faut vous dire que, depuis deux ans, on a la scoumoune: au concert de release de notre album Hot Sauce, la date est déplacée par la salle et tombe pile le jour d’un match PSG-Real qui nous prive d’au moins la moitié du public possible. Rebelote pour le dernier concert avant que je sois diagnostiqué, au Barde Atomique, avec je ne sais plus quel match de l’équipe de France de foot (France-Angleterre en quart de coupe du monde je crois). Le concert d’aujourd’hui entretient la malédiction puisqu’on joue en même temps que le match France-Nouvelle-Zélande en ouverture de la coupe du monde de rugby. On aura quand même du monde malgré tout, mais moins que s’il n’y avait pas eu de match. C’est dommage pour le festival, car La Rock School de Saintes s’est démenée pour offrir un super plateau, dans des conditions confortables pour les artistes comme pour le public. Si vous êtes à Saintes, renseignez-vous, ils sont passionnés par ce qu’ils font et bossent toute l’année.

Lumières sur scène
Photo Tempaw Photographie

Pestacle!

Passée la première appréhension (est-ce que tout va bien fonctionner ce coup-là?), on se lance. On reste très attentifs sur les premiers titres, tous nos récepteurs sont ouverts 😉 On envoie comme il faut et je ressens une vraie jubilation à me retrouver face à un public, avec mes acolytes, et mon son qui m’entoure, de retour, enfin! Si vous n’avez jamais fait de scène, vous ne pouvez pas savoir à quel point ça peut vous manquer quand vous ne pouvez plus y monter. Si vous jouez live régulièrement je ne pense pas avoir besoin de vous l’expliquer. Je vois, je sens que nous sommes tous trois heureux de retrouver ces sensations qui nous avaient manqué depuis huit mois. Au bout de deux ou trois morceaux, le public bascule lui aussi et on commence à vraiment s’éclater, Porté par cette vague positive, je me lâche complètement, comme mes deux compères et plus ça va plus on envoie les chevaux, Je me sens super bien. Apparemment le public s’est bien éclaté aussi, soirée parfaite.

Je ne peux malheureusement pas assister au concert de Ko Ko Mo face à la scène. Le lighteux m’a prévenu de leur usage intensif de lumières stroboscopiques que je dois éviter car les métastases du cerveau m’exposent à un risque de crise d’épilepsie (en plus j’avais oublié mes médocs à l’hôtel), mais j’écoute de derrière et franchement, ces mecs n’ont que 30 ans mais ils ont déjà tout compris. Non content d’avoir la classe sur scène, ils sont aussi super disponibles et le p’tit déj à l’hôtel, le lendemain matin débouche sur des conversations très sympas dont quelques échanges avec Warren (guitariste chanteur) très intéressants sur la recherche du son en duo ou en trio, les solutions qu’on a trouvées, l’écriture des parties etc. Cerise sur le gâteau, Warren me confie qu’il me regardait la veille, depuis le côté de la scène, en se disant qu’il me connaissait sans savoir d’où. Puis il a réalisé que j’étais le bonhomme des vidéos de La Boîte Noire qu’il regardait à 15, 16 ans. C’est un des bons côtés de mon âge avancé.

Chill et retour

Lendemain matin, on se pose avec des potes, tous anciens d’Ile de France ayant trouvé leur place en Charente-Maritime, dans des rues piétonnière superbes, pas loin des bords de la Charente. Saintes c’est vraiment joli et apaisant. Retour sans histoire, tout baigne au sens propre comme au sens figuré.

Personnellement, j’ai reçu, ressenti, beaucoup d’amour durant ce week-end là, venant de toute part: anciens élèves, famille, potes, lecteurs du blog, collègues et musiciens, tous heureux de voir que Cour Supreme remontait sur scène, que j’étais d’attaque et que tout se passait bien. Ça m’a boosté, vraiment, ce n’est pas qu’une image. Donc merci à tous et encore une fois bravo à la Rock School de Saintes et tous ses bénévoles, pour le boulot abattu, la gentillesse, le calme et le professionnalisme impressionnant pour un premier festival.

A l’année prochaine…

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