Doudou le lion
Je ne vous ai pas encore parlé de Doudou je crois. Doudou c’est le chien de Marie. Son vrai nom c’est Idwall, le gardien du mur. Son trait de caractère principal c’est d’être gentil, sincèrement gentil. Et affectueux. Cette gentillesse l’a rendu célèbre dans Étampes centre. Beaucoup le connaissent, l’appellent quand il passe, pour une caresse, un mot gentil, une friandise à lui filer en loucedé. Seuls les enfants qui ne le connaissent pas observent parfois ses 40 kg et sa grosse gueule de golden avec un peu d’appréhension. Marie, pour certains, c’est “Marie Doudou”. Elle et lui étaient très fusionnels, toujours ensemble, à s’aider mutuellement à supporter les aléas de l’existence.
Doudou était aussi aux prises avec un cancer, beaucoup plus virulent que le mien. Marie a tout tenté, tout essayé, a réussi le garder vivant plus longtemps que ce qui avait été annoncé. Mais, depuis quelque temps, on savait que son état empirait et, lundi, en revenant de la promenade du soir, Doudou est longuement resté au rez-de-chaussée, puis on a mis dix minutes à monter les 3 étages. Rebelote hier soir à la descente comme à la remontée qu’il a effectuée.
Doudou s’est éteint ce matin à 4h30, Marie est restée à ses côtés toute la nuit. C’était un chien gentil, courageux et j’ai beau ne pas être très “chien”, j’ai versé quelques larmes en écrivant ces lignes car Doudou c’était vraiment quelqu’un de bien.
J’étais allé dormir vers une heure du mat’ car je devais me lever à 7h30 pour aller faire mes examens habituels. Réveil forcément difficile donc. Je m’en suis voulu de ne pouvoir rester avec Marie dans ces moments très durs à vivre pour elle. mais je devais absolument passer les examens ce jeudi, on ne peut pas les annuler et ils font partie du protocole que je me suis engagé à suivre. Bertrand, un ami, passera l’aider ce matin, merci à lui.
Fredd le veinard
Hassan est là à 8h30, même un peu plus tôt. Je le retrouve avec plaisir vu qu’on s’est pas parlé depuis 6 semaines, le voyage est plus long qu’à l’habitude on arrive à 10h10 en hôpital de jour soit un poil en retard. Cela n’arrive pas souvent mais je dois dire qu’aujourd’hui Cochin a l’air un poil désorganisé. Rien de grave, mais on n’a pas la sérénité habituelle, enfin, chez moi si! Chez moi c’est le service pneumologie. Mais à Achard, on poireaute alors que d’habitude ça tourne mieux que ça. De plus je ne reconnais pas grand-monde parmi les soignants et certains te posent des questions mais n’écoutent pas les réponses:
— Vous avez déjà passé un scanner?
— Oui ce doit être le 5e ou 6e, donc je connais le processus.
— Ok alors vous allez voir, on va vous injecter un produit qui chauffe la gorge et le ventre…
— Oui je sais, on me l’a déjà…
— Et il y aura des moments où il faudra retenir votre respiration.
— …
Comme le gars est gentil et prévenant, je ne casse pas le mood, mais il aurait pu s’éviter toutes ces explications. Même délire avec l’IRM: après avoir répondu que ce devait être la 5 ou 6e que je faisais, le gars m’explique qu’il ne faudra surtout pas bouger la tête pendant l’exam, que ça fait du bruit mais qu’on va me donner des bouchons. Ah ouais? Sans blague? Là encore, je le laisse aller au bout car tout cela part d’une bonne intention. Retour à l’ HDJ pour manger.
En début d’aprem, j’ai la visite de Zeus tout sourire, accompagné de Rachida et d’Imen la chargée du suivi du protocole (Master Protocole, you remember?). Ils viennent de voir le scan et l’IRM. Zeus m’annonce qu’à moins que le rapport de l’IRM pointe autre chose, je n’ai plus de métastase dans le cerveau. Champagne! Ça a l’air très con, mais c’est une libération incroyable. Je ne pouvais plus regarder de spectacle avec des flashes de partout même en vidéo, je ne pouvais plus conduire et surtout pas de nuit pour les mêmes raisons: trop de stimulations lumineuses entraînaient un risque de crise d’épilepsie. Et ça me pesait: je suis le seul à conduire chez nous, donc ça limitait énormément nos perspectives de déplacement. Dans la foulée il m’annonce que les deux métastases que j’ai sur les os du bassin deviennent transparentes, signe qu’elles ne portent pas bien du tout. J’vais pas les plaindre ces deux-là. Tout le reste est stable. Mais j’suis Gontran Lachance ou quoi? Je discute un peu avec Rachida avant de partir chercher mes médocs à la pharmacie de l’hosto et je la tutoie deux fois, sans le faire exprès. Je ne m’excuse pas car ces tutoiements intempestifs sont le signe du respect que je lui porte.
Retour à Etampes, Marie et Bertrand ont fait ce qu’il fallait pour Doudou. J’essaie tant bien que mal de la réconforter.
Journée compliquée, montagnes russes.