Corticoïdes and co
J’ai commencé avec 20 mg de corticoïdes par jour rapidement ramenés à 9mg, puis 5 mg après la troisième chimio. L’ennui de ces médocs? Combinés à une alimentation trop salée ou trop sucrée, ils provoquent une rétention d’eau qui vous donne un visage à l’aspect gonflé. Attention, pas façon ballon de foot comme certains traitements à la cortisone, c’est moins flagrant, mais tu sens que t’as pas la même tronche que d’hab’.
Au réveil déjà t’as l’air plus endormi qu’avant, et dieu sait qu’en ce qui me concerne, c’est un exploit. Le problème c’est que même le reste de la journée t’as l’air de sortir du lit. Tu vois tes orbites plus précisément, car tout autour c’est légèrement boursouflé, les rendant plus creuses et plus sombres aussi. Et comme, dans les périodes de grosse fatigue, le tour de tes yeux devient gris, voire noir, et ta peau, plus blanche qu’à l’ordinaire, t’as une bonne tête de zombie quoi. Pour parfaire le tout, tes paupières gonflent légèrement, achevant de te rendre méconnaissable à tes propres yeux. C’est pas flagrant, c’est pas Elephant Man, mais cela suffit à semer le trouble dans ta tête: c’est qui çui-là? Ah ouais c’est moi… Mais… c’est temporaire ou ce sera ma nouvelle tronche à partir de maintenant?
Tu en parles avec une des trois Charlie’s Angels qui te conseille d’éviter de manger trop salé et trop sucré pour ne pas aggraver le phénomène. Assez rapidement, tu te rends compte que le “trop” est de trop. Le problème n’est pas “une alimentation trop salée”: juste “salée” ça suffit déjà. C’est une des choses que j’ai détestées: me regarder dans la glace et ne pas me reconnaître à 100%.
En plus de te faire une sale gueule, ces corticoïdes te speedent aussi. Avant je naviguais de 9.5 à 11.5 de tension, maintenant je suis toujours entre 11 et 14. Ça te rend moins zen justement. T’as tendance à t’énerver pour des détails que tu n’aurais même pas calculés avant. Ça va même jusqu’à provoquer des échanges musclés, des engueulades, là où rien ne se serait produit autrement. Et comme, en plus, t’as une sale gueule, imagine l’effet sur ton interlocuteur d’un mec déjà patibulaire, hors de lui, éructant, parce qu’il ne trouve plus ses clefs par exemple.
Pas facile, d’un côté comme de l’autre, parce qu’on ne contrôle pas ces accès, surtout moi, qui n’ai absolument pas l’habitude de ce genre de montées colériques. Je ne sais pas quoi en faire, comment les canaliser. Ça sort parce qu’il faut que ça sorte et ça éclabousse tout autour, parce que, malgré tout, tu ne dis pas tout à fait n’importe quoi.